(En cours de réalisation, mesure ~1m90 pour la structure principale)
Ce projet raconte la relation entre un ange déchu, privé d’une aile pour avoir péché, et une créature mi-humaine mi-corbeau vivant cachée du monde. À travers une série de croquis au crayon de papier, j’explore la fragilité de leur lien, fait d’admiration silencieuse et de non-dits.
Leur histoire, à la fois intime et mélancolique, est marquée par une tension constante entre proximité et distance, lumière et obscurité.
J’ai opté pour des croquis plutôt que des dessins aboutis pour plusieurs raisons qui servent mon propos narratif. Le croquis permet de saisir rapidement les expressions brutes et les mouvements, en gardant une certaine spontanéité que des dessins plus finis pourraient perdre. Ces traits rapides, volontairement inachevés, ne sont pas une simple contrainte technique, mais une métaphore visuelle du non-dit et de la tension de la relation au cœur de mon récit.
Cet aspect inachevé exprime aussi le caractère incomplet et non résolu de leur lien. Leur relation est marquée par les silences, les gestes retenus, et une fin abrupte. Le fait que l’histoire s’étale sur plusieurs feuilles de croquis souligne l’impossibilité de rassembler leur vécu complexe en une seule image. Chaque croquis est une esquisse d’un moment, reflétant la nature fragmentée, parfois confuse, de leurs échanges et de leurs émotions.
Les feuilles sont disposées de gauche à droite pour suivre le déroulé de leur histoire, comme une lecture en images.
J’ai choisi de travailler uniquement au crayon de papier car ce médium brut correspond bien à la fragilité de mes personnages. L’ange n’a plus qu’une aile, marqué à vie par sa chute, et le corbeau se dissimule au regard des autres. Tous deux sont blessés, incomplets. Le crayon, sans enjolivement, permet de garder cette sincérité dans le trait, sans en faire trop. Ça laisse place à l’émotion, à l’imperfection, et ça renforce ce que je veux raconter.
Le crayon de papier a aussi cette capacité à suggérer l’éphémère. Il peut être effacé, il s’estompe, il laisse une trace légère. Pour moi, ça fait écho à la relation entre l’ange et le corbeau : une histoire sincère mais vouée à disparaître.
Mon histoire est volontairement pudique. Il y a peu de dialogues, beaucoup de regards, de gestes discrets. Le choix du crayon m’a permis de rester dans cette ambiance douce et silencieuse, sans l’alourdir par la couleur ou la mise en scène. C’est un récit qui se vit plus qu’il ne se montre.
À travers cette narration fragmentée et silencieuse, j’ai voulu traduire la pudeur des sentiments et l’impossibilité de dire l’essentiel. Ce projet m’a permis d’explorer l’émotion par le trait plus que par les mots.