gothiques, les gratte-ciels modernes ou les ruines antiques témoignent chacun d'une période donnée. Contrairement à l'espace où l'on peut toucher des objets, on ne peut pas saisir ou toucher le temps. On peut toucher des objets qui servent à mesurer le temps comme des sabliers ou des horloges mais le temps lui-même est intouchable. Le temps est donc mesurable dans certaine circonstance, on mesure le temps écoulé entre deux états, ce qu'on appelle le changement.
Mon projet résulte de deux états: le passé et le présent plutôt considéré comme le futur pour deux raisons. Tout d'abord, ce projet met en opposition deux techniques de conception sur lesquelles nous reviendrons plus tard. Le projet est donc une conception soit une réalisation future, en cours de création. Dans un deuxième temps il met en relation le futur puisque le présent n'existe pas vraiment. Lorsque que l'on pense à un instant T présent, celui-ci est déjà dans le passé car le temps ne cesse pas de s’écouler pendant une réflexion, c’est-à-dire qu’au moment où nous pensons à cet instant T, il a déjà dépasser l’instant T lui-même.
Le « dessin » se compose de deux éléments généraux : une architecture dite ancienne travaillée majoritairement en dessin traditionnel, et une autre architecture plus moderne travaillée en numérique avec la tablette, sur le logiciel Procreate. L'architecture plus ancienne est placée sur la partie droite du projet tandis que l'architecture moderne est placée sur la gauche. De cette façon un effet miroir se crée entre deux pour inverser car dans un miroir tout est à l'envers: tout ce qui se situe à droite dans la réalité part à gauche et inversement.
En effet, si elles sont disposées de cette manière, c'est dans le but de montrer l'évolution de l'espace. Le premier bâtiment a sans doute été endommagé par le temps voire même été détruit ce qui permet la construction d'un nouveau bâtiment plus moderne. Cet effet met donc les deux bâtiments en réflexion dans ce miroir temporel, la nouveauté reflète à travers le passé et son histoire.
Une continuité existe entre les deux bâtisses, ils se suivent, s'entremêlent toujours dans cette idée de temporalité et d’espace. Ainsi les lignes se suivent donnant un sens continue au projet. Le rôle de la temporalité est important et est ici exploité de différentes manières. Hors l’idée d’évolution la principale représentation du temps reste la représentation linéaire avec une flèche partant de la gauche vers la droite. Ici pas de flèche mais des lignes, référence au fil du temps. Mais ces lignes sont nombreuses symboles des milliers d'alternatives possibles qu'ils auraient pu exister mais qui peut être, existe dans d’autres imaginations voire même si on croit à la théorie du multivers, dans d'autres univers ou d'autres dimensions. Si aujourd’hui c’est ce bâtiment qui est en cours de création, il sera peut-être différent d’une personne à l’autre.
En faisant appel au passé, la notion de souvenir est alors évoquée. On peut définir ce projet comme une sorte d'hommage à un espace disparu ou détruit. Malgré tout, il s'agit de la phase de conception qui est représentée, les premières esquisses. Les traits de constructions sont présents et l'utilisation du crayon de papier en majorité sur la partie traditionnelle, intensifie cet aspect de croquis et d’inachevé. En choisissant cette technique, je donne ou redonne vie à deux projets: l'ancien bâtiment renait à travers son croquis d'origine tout comme le nouveau prend vit à travers le sien.
Mon utilisation du numérique et du traditionnel est justifiée par l'évolution des techniques de conception et de représentation à travers les âges. Aujourd'hui dans de nombreux domaines, et l'architecture en fait notamment partie, le numérique est majoritairement utilisé avec le développement de la technologie et de logiciels performants. Le dessin traditionnel meurt petit à petit et se fait progressivement remplacé par le numérique. Tout comme pour l'hommage à un bâtiment détruit, il s'agit donc aussi d'un tribut du dessin traditionnel. Cette disparition est représentée par le fait que la partie plus numérique du dessin est plus grande que la partie traditionnelle. Le dessin n’est pas complètement centré, laissant le numérique prendre le dessus. Cela est d’ailleurs accentué par l’utilisation de la couleur qui fait ressortir une nouvelle fois le numérique. Nous avons donc une réelle prépondérance du numérique sur le traditionnelle.
Pour reprendre tous ces éléments, la notion de temporalité est explorée à travers un projet architecturale opposant une architecture ancienne, réalisée au crayon, à une architecture moderne, créée numériquement, symbolisant l'évolution des techniques de conception. Ce travail rend hommage à des espaces disparus tout en soulignant la transition du dessin traditionnel vers le numérique, où ce dernier domine de plus en plus.
NOTE D’INTENTION
Pour exposé ce projet je choisirai une grande salle d’exposition d’environ 8m de largeur par 6m de longueur. La hauteur de plafond ne variera pas d’une pièce normale. La salle, plafond et sol compris serait peinte en blanc, le même blanc que celui du projet afin que celui-ci se fonde dans la pièce. Pas de cadre ne serait utilisé autour du dessin afin de ne pas dissocier le mur et l’œuvre. En plus de ce blanc, afin de laisser l’idée de la continuité, les traits de construction seraient prolongés partout : au plafond, au sol et sur les murs pour rester dans l’univers de la conception. Cependant une ligne noire contrastant avec le blanc viendra couper la pièce en deux au niveau de la séparation des deux bâtiments pour les séparer et permettre aux spectateurs de participer à une mise en immersion. Pour ce qui est du rôle de la lumière je cherche à accentuer l’idée de disparition du traditionnel donc réussir à le dissimuler dans l’ombre. La lumière proviendrait donc seulement de la partie gauche, de la partie moderne donc très peu de lumière sur la partie droite. Pour le reste de la pièce il y aura de la lumière à quelques endroits pour que le blanc ressorte.