Disparition texte explicatif
L'humanité se compose d'individus uniques, chacun avec sa propre singularité, pourtant il n'y a rien de plus fascinant que de se fondre au cœur d'une foule d'étrangers, afin d’oublier ainsi sa propre identité. Voilà pourquoi j’ai représenté cette foule. Au milieu de ces multiples individus, il est facile de se camoufler. Qu’est-ce qu’une personne parmi tant d’autres finalement ? Un point au milieu d’une feuille. Une étoile au milieu de l’Univers. Un grain de sable au milieu de la plage. En réalité ce n’est rien. On se croit différent mais, en fait on est totalement identique. Unique à l’intérieur mais semblable à l’extérieur. On se doit de se ressembler pour pouvoir s’intégrer. Depuis toujours la société fait que
nous avons besoin d’être pareils pour participer à la vie de la communauté. On vous dira toujours que c’est faux, qu’au contraire il faut être unique, que cela fait la beauté de la personne, son originalité, sa propre personnalité. Ce
n’est qu’une façade, ce n’est un secret pour personne. Si au contraire on ne se fond pas parmi les autres, on est pointé du doigt, mis de côté. C’est une réalité, un fait. Si on ne suit pas les volontés et les exigences de la société
on est rejeté.
Dans mon dessin, toutes les personnes sont en noir et blanc pour les mettre sur un même
pied d’égalité et faire en sorte qu’elles soient le plus homogène possible. Si on observe l’œuvre de loin, on voit des formes sans importance, sans détail. Plus on se rapproche, plus on réussit à distinguer ce qui les rend
différentes : les coiffures, les tailles de corps, les accessoires. La technique de dessin est simple, j’ai cherché la simplicité des formes toujours dans cette idée de similitude. Il n’y a pas de détails, ou le moins possible.
Les yeux sont réalisés par de simples points, les têtes par de simples ronds. Le minimalisme vise à éliminer le superflu pour atteindre un effet de simplicité. En effet je cherche à mettre en avant l’essentiel, et à éviter qu’on ne s’attarde
sur chacun des individus, ou sur ce qui fait leurs particularités.
Les personnages ressortent du dessin grâce à l’utilisation du feutre noir. Le feutre a l’avantage d’être durable et de persister dans le temps. Tous les personnages nous regardent, cependant si on observe plus précisément, on pourra trouver une personne de dos au milieu du dessin. Contrairement aux autres personnages, ici le contour est différent : j’ai utilisé le crayon de papier, pour mettre en avant cet aspect fugace et passager. En effet, le crayon ne tient pas dans le temps, et finit par s’effacer. On voit ainsi que ce personnage, cette jeune fille tente de se faufiler à travers la foule. Mais n’essayerait-elle pas plutôt de s’engouffrer, se perdre, disparaitre au milieu de cette foule ?
Le crayon rend aussi la silhouette plus douce, plus fragile. Les autres, au feutre noir sont plus marqués, plus prononcés et semblent plus réels. Le crayon est en général, utilisé pour le croquis, la première étape d’une œuvre. On peut alors penser que si la jeune fille est réalisée de cette manière c’est parce qu’elle est comme une première version, une esquisse qui n’a pas encore été influencée par la société. Enfin en étant représentée de dos, on peut imaginer qu’elle tente de fuir, d’éviter les contraintes, les normes et les pressions qui nous pèsent au quotidien. Elle représente quelque part notre quête d’indépendance et de liberté.
Pour ce qui est du dispositif de présentation je choisirai d’exposer le dessin dans une galerie, une grande pièce avec un grand mur blanc d’environ 10m de large par 2m de hauteur afin de rendre l’effet de masse encore plus évident. La longueur du mur doit être plus importante que sa hauteur. Le mur doit être peint de la même teinte que la feuille afin de ne pas voir de démarcation. Evidemment on verra bien que les personnages ne sont que sur la feuille mais il est important que le contour de la feuille ne soit pas visible. La lumière dans la pièce doit être forte pour éblouir le spectateur. Il doit avoir du mal à voir le dessin et doit être quasiment aveuglé par le blanc du mur. Pour que cette lumière soit de cette manière, toute la pièce doit donc être peinte en blanc, plafond et sol compris. Aucune autre œuvre ou objet ne doit être présent dans la pièce pour que le spectateur ne soit pas distrait ou attiré par autre chose. Il n’y a donc pas de cartel. Pour regarder le dessin, on pourra dans un premier temps la voir de loin puis se rapprocher petit à petit afin de percevoir de plus en plus de détails au fur et à mesure. Il ne restera plus qu’à trouver la jeune fille de dos, une mission qui ne s’annonce pas trop compliquée du fait de l’utilisation de différentes techniques
de représentation.